Quand le peintre vous ignore....
Vous souvenez-vous de la pub pour une marque de lingerie où l’on voyait une superbe femme de dos qui feignait l’ignorance…eh bien en peinture, c’est pareil !
Comprendre comment un point de vue change le vôtre !
Elle m’a tourné le dos…
… une autre façon de dire que la personne m’a ignorée. Volontaire, ce comportement est largement perçu comme irrespectueux. Involontaire, il est sujet à interprétation. Mais quelqu’un qui ne vous fait pas face sera toujours intrigant. Dans l’art, cette posture est d’autant plus perturbante que c’est à dessein qu’elle est représentée ainsi. Et c’est sur ce trouble que jouent les peintres.
Voir un personnage de dos en peinture est toujours un peu perturbant. Le peintre peut provoquer, par ce biais, plusieurs réactions chez le regardeur. Détaillons-en quelques-uns ensemble.
Attiser notre curiosité…voire notre désir!
Soutenez-vous de cette publicité pour une marque de llingerie justement. Voir un personnage de dos, particulièrement quand il occupe le premier plan, attise notre curiosité. Nous pourrions être tentés de deviner son visage, d’imaginer ses expressions. Qui est cette personne ? Comment est-elle ? À l’image de l’enfant, nous aimerions contourner le personnage pour le contempler de face. Et par ce biais, nous entrons dans le tableau.
S’identifier au personnage
Traditionnellement, la vue de dos en peinture est considérée comme une invitation à s’identifier au personnage. Parce que nous ne voyons pas son visage, il n’est pas un individu et il voit la même chose que nous. Cela nous incite à nous projeter dans le tableau et à regarder ce que le personnage regarde.
Nous mettre en abyme
En revanche, si nous prenons conscience du fait que le personnage du tableau regarde quelque chose, nous serons enclins à regarder… ce qu’il regarde. Le « voir » est alors mis en abyme, provoquant parfois un sentiment de vertige. Les peintres romantiques ont usé, pour ne pas dire abuser, de ce stratagème pour rendre la notion du Sublime. Cette émotion puissante, provoquée par la vue d’un paysage ou d’une scène dramatique, mystérieuse ou particulièrement belle, pourra nous aspirer vers le tableau et, par ricochet, en nous-mêmes.
Donner l’illusion de la réalité
Si tous les personnages sont vus de face, le tableau sera perçu comme une pièce de théâtre, une représentation. En revanche, en les peignant dans différentes positions, l’artiste « fait plus vrai », il représente la scène comme nous la verrions dans la vraie vie.
Cultiver un secret
Selon l’environnement dans lequel le personnage a été représenté, sa posture et les détails qui l’entourent, le peintre peut nimber son tableau de mystère. Perdu dans ses pensées, le sujet nous donnera l’impression d’avoir quitté la réalité, d’y être indifférent ou de la nier. Il peut sembler en attente ou en révolte. De nombreux peintres ont étudié cette posture, car loin de mettre le spectateur à distance, celle-ci le fait entrer autrement dans le tableau. On a envie de faire parler le personnage pour percer son secret. Dans l’impossibilité de le faire, nous nous raccrochons aux éléments picturaux.
Se faire voir
Le nu, qu’il soit de dos ou de face, a pour dessein dans la plupart des cas de rendre la beauté et l’harmonie du corps. Le sujet des Trois Grâces dont les protagonistes sont représentés sur toutes les faces (face, profil et dos) permet au peintre de nous le donner à voir sous toutes les coutures ; un avant-goût de cubisme !
À vous de retourner... le modèle ou le peintre !
Les peintres ont de bonnes raisons de vous mettre leur modèle à dos ! Aussi vais-je vous proposer à présent de le « contourner » en émettant des hypothèses sur le but recherché par l’artiste dans les œuvres qui suivent.
Et pour compléter vos hypothèses et votre analyse d’un tableau, procurez-vous la méthode complète ou téléchargez gratuitement le pense-bête Art-toi..
ART-TOI et vois plus et mieux !
