Fait pas beau v'nir vieux... en peinture!
Fait pas beau v’nir vieux en peinture… surtout quand on est une femme !
Jusqu’à une époque récente, le vieillissement féminin est montré, à travers l’iconographie, de manière plutôt négative. Il suffit pour s’en convaincre de comparer Les 3 Âges de l’Homme de Giorgione avec Les 3 Âges (de la Femme) de Gustav Klimt. Je pense que les images se passent de commentaires et nous pourrions multiplier les exemples.
Pourquoi tant de dénigrement?
C’est très simple. Dès la Renaissance, le combo jeunesse-beauté-fécondité est glorifié dans l’ensemble des arts. En effet, la finalité d’une femme, sa mission sur Terre jusqu’à une époque récente était d’enfanter, d’assurer la survie de l’espèce ou plus spécifiquement d’une lignée. La beauté sert donc à attirer le fécondateur, la fertilité indispensable pour être engrossée et la jeunesse nécessaire pour mener à bien une grossesse (on voit d’un très mauvais œil les grossesses tardives). Après la phase de génitrice, la femme doit trouver une légitimité en se mettant au service des autres, notamment en recherchant un bon parti pour ses filles ou en maintenant les liens familiaux. Sa planche de salut pour accepter l’altérité se trouve dans la recherche de sens et de dignité. Un quelconque attrait sexuel est proscrit puisque le seul rôle dévolu à la sexualité est de procréer. La sexualité du grand âge féminin est ainsi décriée, passant pour de la lubricité. La beauté ne peut donc pas résider dans le corps d’une femme âgée. On ne sera, dès lors, pas surpris que les transformations dues au vieillissement soient péniblement acceptées et suscitent des stratégies de dissimulation incluant vêtements somptueux, maquillage ou bijoux.
Le tableau de Bernardo Strozzi – Vieille Coquette datant de 1637 en est le parangon.
C'est quand même plus facile de vieillir quand on est un homme, non?
Bien sûr, nous pourrons arguer que la représentation des 3 âges de l’Homme est une Vanitas nous enjoignant à ne pas oublier que la jeunesse ne va pas durer, que le corps est périssable. Soit. Mais pourquoi représenter des femmes au lieu d’hommes ? Eh bien, un homme a été… oui, il a eu une ou des fonctions dans la société, un métier et de fait, il conserve un statut. Les portraits masculins sont ainsi souvent positifs, soulignant l’accomplissement, voire une certaine sagesse.