Ils sourient tous!
Lorsque j’ai pénétré dans la galerie des portraits du Musée des Beaux-Arts de Besançon, la première chose qui m’a frappée est le fait que la plupart des personnages représentés sourient. Oh, pas une franche rigolade mais quand même, l’expression est plutôt joyeuse et bienveillante. Etonnant !

Identifier le genre par l'image
Autodidacte, Gresly se réfère aux maitres anciens dont il copie les œuvres et synthétise les leçons.
Ainsi puisse-t-il ses sujets dans la peinture du Nord comme les scènes de genre, les trompe-l’œil ou les portraits. Or, ce qui frappe dans la plupart de ses portraits, ce sont les sourires discrets ou même plus francs qu’affichent la plupart de ses personnages. Et ce ne sont pas dans les habitudes des peintres du Nord, à quelques rares exceptions près. Nous l’avons vu dans un article consacré au sourire, celui-ci est plus souvent observé dans les scènes de genre comme l’expression d’une satisfaction, d’une condescendance, d’un vice, sentiment révélé ainsi au spectateur. Il est rarement gratuit.
En considérant ce détail, peut-on encore parler de portraits ou doit-on pencher vers la scène de genre. Observons.
Dans La Marchande de cerises, les visages sont familiers, les personnes représentées sont issues du peuple mais sans misérabilisme. On est frappé par les joues rouges colorées par le grand air, le teint et le corps respirant la bonne santé. Le sourire accroché aux lèvres est empreint de bienveillance et de bonté. L’ensemble respire le bonheur de livre de s’adonner aux tâches quotidiennes. Plusieurs générations se côtoient dans des activités ordinaires. On ne remarque aucun élément moralisateur, aucune métaphore de vice, aucun symbole accablant. Paysans, marchands ou mendiants sont tour à tour joueurs, dormeurs, courtisans, bons-vivants, toujours charmants et semblent « sains » de morale et d’esprit. Ils offrent une image d’une société vraie, rude, peut-être rustre parfois mais sans prétentions et humaines.
« Gresly est populaire, souvent gracieux, jamais trivial » dira Francis Rey en 1861.
Ce qui m’a frappé également, c’est la très grande dignité des portraits, des expressions. Il n’y a ni gravité, ni tristesse, bien au contraire. On y sent une certaine idée du bien-vivre.
Les fonds sont terreux et discrets apportant neutralité et mise en valeur des sujets. Le regard souvent dirigé vers le spectateur est engageant et l’invite avec délicatesse dans la scène. En quelque sorte, les personnages nous prennent avec eux.
À vous d'observer l'expression !
Lors d’une prochaine visite de galerie de portraits ou même de scènes de genre, observez les expressions faciales des personnes représentées et demandez-vous :
- Quel est le statut de la personne représentée ?
- Pourquoi le peintre a choisi de représenter le personnage avec telle ou telle expression ? Que dit cette expression de la personne représentée ?
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