Le goût de l'art !
Les loisirs représentent un marché avec ses offres de toute nature dont la culture fait partie. On va visiter aujourd’hui une exposition de peinture (presque) comme on va dans un parc d’attraction. Cette tendance a pour conséquences d’exposer le public à toutes sortes d’œuvres, d’habituer leur regard à des objets dont ils n’avaient pas connaissance et d’en susciter un intérêt.

Comment le goût de l'art nous vient-il?
Nous savons aujourd’hui que l’être humain modifie ses choix et son choix de consommation en particulier sous l’effet de l’expérience. Ainsi, exposer un être humain à l’art, lui faire expérimenter du regard voire par immersion le beau, permet de faire évoluer le goût. Lorsqu’elles sont répétées, ces expériences peuvent engendrer un plaisir voire développer une passion.
De surcroît, la presse, la TV, les livres, la radio et autres podcasts modifient clairement la compétence et les goûts fixés par leur éducation. Alors qu’un enfant d’un milieu social défavorisé au XIXe n’avait à peu près aucune chance de rencontrer ou d’être exposé à un objet d’art, il n’en est plus de même aujourd’hui. On le sait, la rencontre avec des objets artistiques permet de capter l’attention et de s’emparer des sens, puis d’emporter l’adhésion même sans prédisposition.
Ainsi le spectateur ordinaire peut-il non seulement apprécier une œuvre d’art mais aussi l’évaluer avec plus de discernement et de réflexion au gré de l’expérience acquise.
Si nous regardons l’évolution du goût, il suit les différentes théories de l’art et les conventions sociales.
En effet, la connaissance de l’Histoire de l’Art, la diffusion et la vulgarisation des théories, la mise en contact avec des objets et leur sacralisation permet cette évolution.
Comment l’histoire de l’art a-t-il fait évoluer le jugement du public ?
La lecture des œuvres et par répercussion leur compréhension va évoluer en fonction des informations disponibles sur le sujet. Au XVIe siècle avec Vasari notamment, le public comprend les œuvres au travers de la vie des peintres, il identifie les étapes importantes de leur existence et en tire les conclusions qui s’imposent à eux.
Au XVIIe, les traités artistiques classifient les genres. Cette catégorisation ne va évidemment pas engendrer une objectivation, une lecture ou un jugement des œuvres mais permettre en revanche de percevoir des variations de représentation. Le public va commencer d’observer plus attentivement les œuvres. Le XVIIIe siècle voit apparaitre l’histoire de l’art à proprement parlé ce qui permet d’apprécier l’évolution de l’esthétique et de comparer les époques. Le XIXe est scientifique et avec des théories comme celles de Chevreul, une influence notoire s’observe tant chez les regardeurs que chez les artistes. En comprenant l’utilisation des lois de l’optique, les caractéristiques du matériau, les artistes en jouent. Le public les suit en posant un jugement plus pragmatique sur les éléments picturaux.
Mais ce n’est qu’au XXe que le public prendra conscience du motif, du thème, de la symbolique d’éléments abstraits.
Maintenant exemplifions. Que vit le public dans La Laitière de Vermeer durant les 4 derniers siècles ?
Au XVIIe, il y a fort à parier que les amateurs d’art y voit une allégorie à la vie quotidienne, une scène de genre, éventuellement une nature morte avec un personnage. On y appréciera les couleurs, la maitrise du peintre à rendre une ambiance, on se sentira comme chez toi dans le tableau.
A condition que l’amateur soit quelque peu érudit, il y verra également différents symboles qu’il interprétera selon sa culture et son instruction. Au XIXe, Vermeer était tombé dans l’oubli mais quand bien même il aurait été apprécié, il est presque certain qu’on y aurait vu une belle manière avec une « mise au point » légèrement floue, un rendu délicat des couleurs et un dessin précis mais dont les contours ne sont pas marqués. On aurait apprécié l’ambiance qui s’en dégage autant qu’une technique sensible et différente sous bien des aspects du Néo-Classicisme ambiant. Mais ne faisons pas les malins, qui aujourd’hui possède les clefs de lecture pour aller plus loin que la simple étude iconographique et en décèle les secrets picturaux ?
À vous de trouver l'art à votre goût !
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