C'est plein de fleurs...une nature morte?

Les quatre cinquièmes de la surface de la toile sont occupés par des fleurs ou par de la végétation. Quel est le sujet en fait ? Un champ, un parterre de fleurs, une nature morte. La portion représentée est en diagonale dans une sorte de losange couché. Derrière ce premier plan, on distingue un mur « végétalisé », couvert de mousse, probablement en pierre. Au troisième plan, des arbres encore et des bosquets ferment la composition. Le fond de la toile est occupé par un ciel jaune de soleil couchant. Nous avons l’impression de nous baigner dans les fleurs. Pourquoi donc ?

Le point de vue aide indéniablement à transmettre cette sensation. Le peintre nous a mis à « ras-la-moquette », au ras du sol et donc du parterre de fleurs. Notre œil bute ensuite sur le mur, il est retenu par une végétation plus sombre. Il lui faut enjamber cet obstacle pour lorgner la maison, attiré qu’il est par la lumière du ciel.

Ensuite, le regard est happé par la lumière, il la suit et revient au centre de la composition, au centre du champ de fleurs avant de terminer sa course sur la crinière du cheval tirant un char de foin. Comme souvent, c’est la lumière qui aura promené mon œil.

La nature ici est bien vivante, elle nous enveloppe. Elle ne semble pas revêtir un caractère symbolique, mais être présente pour sa beauté et la sensation qu’elle procure.

Alors, nature morte, symbole, allégorie ou simple paysage ? C’est peut-être l’histoire personnelle de l’artiste qui nous aidera à déterminer le genre du tableau. Orphelin à 6 ans, Jacobus van Looy est élevé dans un orphelinat à Haarlem, aux Pays-Bas. Il devient peintre en bâtiment tout en prenant des cours du soir de dessin. Je penche pour l’hypothèse d’un paysage pour deux raisons. On perçoit la simplicité et la délicatesse du rendu de l’artisan et la très grande sensibilité devant la beauté du peintre.