C'est qui le client??
Mais qui donc achetait ce genre de tableaux ? On sait qu’au XVIIe siècle, les clients n’achètent pas un tableau uniquement pour décorer leurs appartements, ni pour investir « dans une valeur sûre ». Mais alors, à quoi peut bien servir ce genre de tableau, tant pour l’artiste qui le crée que pour le client qui l’achète ?
Comprendre la destination des œuvres et leurs clients
Contrairement aux natures mortes qui donnent à penser, les paysages ont avant tout un but d’agrément, étant là pour décorer les intérieurs. Lorsque le peintre est connu et/ou réputé pour sa technique, on se presse pour se procurer l’une de ses œuvres. Bourgeois, devant leur richesse et leur fortune à leur seul travail, les Néerlandais du XVIIe siècle sont des bourgeois particulièrement désireux d’asseoir leur statut social. Mais la Réforme étant passée par là, on est en 1608, il s’agit de rester discret. On évitera donc les portraits d’apparat ainsi que la peinture religieuse ou mythologique, perçue comme prétentieuse ou grandiloquente. Les appartements de cette classe sociale n’ayant pas les dimensions de ceux de la Cour, les immenses formats sont, de fait également, proscrits faute de place. Dès lors, un sobre paysage peint par un maître est largement suffisant pour asseoir sa renommée et adapté en taille.
Mais alors, qu’est-ce qui distingue un artiste lambda d’un maître ?
Son art, son savoir-faire, donc sa capacité à représenter son sujet avec réalisme. À nos yeux contemporains, ce réalisme est cependant tout relatif puisque la perspective par exemple est légèrement fausse ou faussée : le premier plan et la maison au centre semblent être à la hauteur des yeux tandis que la brasserie au second plan est vue d’en haut, comme une sorte de vue aérienne. Mais le point de vue élevé, donc en légère plongée, est assez caractéristique du XVIIe siècle. Et Avercamp le maîtrise parfaitement.
De plus, il serait réducteur de ne voir qu’un agrément dans ces tableaux. S’il est vrai que le paysage ne requiert pas de compétences particulières ni d’érudition et qu’il se laisse facilement admirer, une lecture plus approfondie va certainement au-delà d’un simple réalisme. Les scènes de ce genre sont généralement truffées de détails, d’historiettes. Plongeons notre regard dans celle-ci. Pour ce faire, il est nécessaire de consulter un site Web le proposant en haute définition afin de zoomer les différentes parties de l’œuvre.
Et que voit-on ? Un couple faisant l’amour, des fesses nues, un homme qui urine, une brasserie reconnaissable à son panneau, la signature de l’artiste sur le mur de la cabane. Amusant, non ?
À vous de chercher le client !
Choisissez un portrait d’apparat, c’est-à-dire représentant un personnage important (roi, personnage public, de cour) et demandez-vous :
- Dans quelle but l’œuvre a-t-elle été réalisée ?
- Quel est l’influence du commanditaire sur l’œuvre ?
Et pour compléter votre analyse et votre compréhension du rôle des commanditaires, procurez-vous la méthode complète ou téléchargez gratuitement le pense-bête Art-toi.