La Lecture - Henri Fantin-Latour

Le Lecture de Fantin-Latour, côté Slow!

J’ai tenté l’expérience faite par Phil Terry, remuant pionnier et instigateur de la méthode Slow Looking. Il s’agit de regarder lentement une œuvre plutôt que de la consommer. Suivez-moi !

La Lecture - Henri Fantin-Latour

Comprendre la méthode du Slow Looking avec un exemple

Ralentissons ensemble

Je me suis rendue au Musée des Beaux-Arts de Lyon, un jour de faible affluence. J’ai pris un siège pliable et ai déambulé dans les salles jusqu’à trouver, comme pour un pique-nique, l’endroit idéal pour m’installer. Ce fut devant l’œuvre d’Henri Fantin-Latour, La Lecture.

Je me suis interdit de regarder le cartel ou de rechercher des informations sur le peintre. Je n’ai pas tenté d’analyser. J’ai regardé longuement l’œuvre, attentive à mes impressions puis à mes sensations. Je n’ai interrogé que mes sens : j’ai touché l’œuvre du regard, l’ai écoutée, l’ai sentie. Et j’ai vu bien plus de choses qu’habituellement.

Ce n’est que plus tard, assise au café du musée, que j’ai écrit de façon totalement spontanée mes impressions, mes émotions face à cette toile.

Ma première impression fut une suite de mots : tristesse-attente-lassitude-désabusées. Je prolongeais ma promenade dans la toile. Les mots calme et détente affluèrent alors à mon esprit. Une femme lit, dans un geste légèrement désinvolte, un coude sur la table. La seconde, triste au premier abord, me semble juste calme à présent. Tendue, elle me paraît désormais posée. Elle EST. Simplement. Dans ses pensées. Il émane soudain, vision de l’esprit, le côté paisible d’un long dimanche, un après-midi de novembre. Je pars en rêverie.

Les deux sœurs (information que je connaissais à propos de cette œuvre) ont assisté à la messe ce matin. Naturellement. L’ambiance me paraît toute protestante, empreinte de rigueur et de dépouillement, de simplicité et de réserve.

Je touche l’œuvre du regard. C’est un peu froid. La table est rugueuse en raison du tapis de laine tissée. Les robes de drap sont rêches, juste adoucies par le taffetas de la lavallière. Il fait crû. On n’a pas jugé utile de rallumer le feu dans la cheminée, pas de soleil pour réchauffer la pièce. Les roses ne parviennent même pas à réchauffer l’atmosphère. Cependant, elles l’embaument.

Je sens et je goûte l’œuvre. Le parfum est discret, certes. Peut-être plus dû aux derniers relents du repas de midi : une daube et une purée de pommes de terre. On a mangé un flan pour le dessert. Mais ce dernier n’a laissé ni trace ni odeur.

J’écoute. Tout est silencieux, à l’exception du balancier de la pendule comtoise. Mais soudain, un rayon de lumière s’est posé sur le front de la lectrice. Il rase la pommette de sa sœur. Et tout s’illumine soudain. Mes yeux s’étant habitués à l’atmosphère sombre, je vois à présent le livre dont les feuillets ont été tranchés avec un coupe-papier, le tapis, le dossier du siège, un autre livre. Et doucement, l’atmosphère du tableau me plonge dans un souvenir d’enfance. Le dimanche après-midi, chez Tante Madeleine. Un appartement haussmannien, des livres anciens dans la bibliothèque, une odeur de cigare froid. Une lumière diffuse et encore atténuée par de lourds rideaux confinant la vue. Le canapé profond en velours carmin. Je plonge en plein XIXe siècle. Avec délectation.

 

Au départ, le plus difficile pour moi fut de rester connectée à mes émotions au lieu d’analyser. Mais très vite, guidée par l’attention portée à mes sens, j’y suis arrivée et ai eu l’impression de mettre une passerelle entre l’art et moi.

La Liseuse - Henri Fantin-Latour

A vous de ralentir !

Et pour ce faire, allez lire l’article De la toile à l’âme et compléter votre compréhension des œuvres en vous procurant la méthode complète ou téléchargez gratuitement le pense-bête Art-toi.

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