Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Banquet à la Guilde des Arbalétriers pour la célébration du traité de Munster le 18 juin 1648 - Bartholomeus van der Helst

Aujourd’hui, on fait la photo de classe !

Quelle étrange manie chez les Hollandais du XVIIe que celle de faire des photos de classe !

Et est-ce le but d’ailleurs que celle de se faire tirer le portrait de groupe ?

Voyons le titre : Banquet à la Guilde des Arbalétriers pour la célébration du traité de Münster le 18 juin 1648 de Bartholomeus van der Helst- 1648

Banquet à la Guilde des Arbalétriers pour la célébration du traité de Munster le 18 juin 1648 - Bartholomeus van der Helst

Les portraits de groupe en tant que genre

Il s’agit en fait de la célébration du traité de paix signé le 15 mai 1648 à Münster entre l’Espagne et les Provinces-Unies à l’issue d’une guerre qui a duré 80 ans. Les Pays-Bas deviennent une république indépendante, ce qui apporte une grande prospérité à la ville d’Amsterdam. Dans cette toile, nous ne sommes pas au traité mais au banquet que les Gardes civiles, la Guilde des Arbalétriers ont organisé un mois plus tard, le 18 juin 1648. Étant donné la précision du titre, il est facile d’imaginer que ce sont ces mêmes arbalétriers qui ont commandé le tableau. A-t-il été réalisé « sur le motif » ? On peut être certain que non, cela ne se faisait pas mais des dessins ont probablement été réalisés pendant les festivités.  Mais une chose me parait étrange.

Les personnages du premier plan semblent très naturels. Ils boivent, parlent entre eux, mangent, regardent le peintre. Un homme est en train de porter un morceau de viande à sa bouche, un autre se frotte le ventre. Cela a tout l’air d’un instantané.

En revanche, les personnages du 2e plan semblent avoir été peint séparément, comme découpés et rassemblés sur cette toile. La perspective n’est pas respectée, la taille des personnages non plus. Ils ressemblent plus à des poupées de papier dont les contours sont délimités avec précision. La lumière et les ombres ne sont pas rendus non plus. Pourquoi ? Sachant qu’il ne s’agit pas d’un instantané avec des personnages manquants rajoutés ultérieurement j’émets une autre hypothèse toute personnelle : ils se détachent du fond ainsi que de leurs voisins simplement pour qu’on les voit bien. Le commanditaire de cette œuvre pourrait bien être la guilde elle-même et donc il s’agissait de bien représenter chaque personne présente ce jour-là. Les plus importants, comme dans les peintures religieuses étaient placés au premier plan sur la toile tandis que les sujets secondaires reprenaient place dans les plans suivants. Nous ne sommes pas dans une démarche artistique mais représentative voire descriptive comme une sorte de compte-rendu visuel.

 

Banquet à la Guilde des Arbalétriers pour la célébration du traité de Munster le 18 juin 1648 - Bartholomeus van der Helst

Et qu’en disent les historiens d’art ?

Il est effectivement surprenant tant de ces immenses peintures de groupe aux Pays-Bas alors que l’on n’en trouve nulle part ailleurs. Les musées, les hôtels de ville, les hôpitaux, les hospices et les maisons des corporations en regorgeaient à l’époque de leur création. Ces peintures représentent généralement un certain nombre de personnes en pied ou à mi-corps, le plus souvent grandeur nature. Elles sont disposées de telle façon qu’elles semblent n’avoir aucune relation les unes avec les autres, ou seulement un rapport assez vague, interdisant ainsi au spectateur de douter qu’il puisse s’agir d’autre chose que d’un portrait.

Ces portraits de groupe sont l’apanage de la Hollande des XVIe et XVIIe siècles. Pourquoi ? Car on aimait voir les plus éminents des citoyens représentés dans divers groupes constitués. Si les autres genres se sont exportés facilement, les portraits de groupe n’ont jamais suscité d’intérêt à l’étranger ni pour être réalisé ni pour être acheté. En fait, le manque d’action dans la juxtaposition des personnages, que compensent à peine de curieux gestes qui sont comme suspendus ou gelés, semble d’emblée lourd ou discordant pour l’œil du spectateur moderne. Mais comment en définir le genre ?

À la différence du portrait individuel, le portrait de groupe rassemble plusieurs personnages dans un seul tableau. Mais, ces groupes mettent en jeu des individus absolument indépendants qui ne s’associent dans un corps que pour un objectif bien déterminé, partagé, pratique et orienté vers les questions civiques, et qui en dehors de cet objectif entendent maintenir leur autonomie. C’est donc avant tout une série de portraits d’individus. Mais en même temps, il est censé illustrer clairement les caractéristiques de l’organisation du corps en question et la nature de la situation qui rassemble temporairement les différents personnages pour former un groupe. Le portrait de groupe n’est par conséquent ni une extension du portrait individuel ni une sorte d’arrangement mécanique des portraits individuels en un tableau ; il s’agit plutôt de la représentation des membres autonomes d’une corporation volontaire.

Au départ, il y avait une vraie égalité entre les membres représentés, chacun étant représenté pour lui-même. Mais, avec les guerres d’indépendance, la tendance fut nettement à l’affirmation d’une hiérarchie entre les membres des corps, ce qui s’observe dans les changements de conception et de composition des portraits de groupe : désormais, l’unité du groupe l’emporte sur l’autonomie individuelle, sans pourtant la détruire complètement.

Extrait du site Web : https://www.cairn.info/revue-actes-de-la-recherche-en-sciences-sociales-2004-4-page-36.htm

À vous de chercher le but !

La prochaine fois que vous serez face à un portrait de groupe, essayez d’imaginer les motivations qui ont animé le peintre et son commanditaire.

Et pour compléter votre analyse et votre compréhension des commanditaires et clients d’œuvres d’art, procurez-vous le décodeur d’art sur la boutique en ligne.

ART-TOI et vois plus et mieux !

2

Questionnez votre tableau

2

Questionnez votre tableau

2

Questionnez votre tableau