
La Veduta, la carte postale d’avant la photographie ?
Veduta, kesaco ? Venant de l’italien vedutismo, qui signifie Vue, une veduta représente ce qui se voit et, par extension, comment on le voit. Ce terme comporte donc une idée de scénographie puisque le peintre effectue une mise en scène de paysages urbains très détaillés. Ce genre naît du voyage appelé « Grand Tour » que les jeunes aristocrates anglais, allemands, français ou suédois effectuent afin de parfaire leur éducation humaniste. Au XVIIIe siècle, en souvenir de leur séjour, ces voyageurs en rapportent des vues. Giovanni Battista Piranese et Giovanni Paolo Pannini en sont les maîtres à Rome tandis que Canaletto et de Guardi ceux de Venise.

Comprendre le genre en peinture
Les peintres envisagent toutes les stratégies pour dépeindre ces larges vues des plus belles places. Les lois de la perspective et l’utilisation de la camera obscura en font partie. Cette technique permet même de tricher « juste un peu » en exagérant un point de vue, une proportion ou l’ouverture d’un angle. Grâce à leur grandiloquence, ces tableaux font un tabac auprès des Anglais qui jouent un rôle particulier dans leur essor en les collectionnant et en en perpétuant l’achat et la tradition. Ce procédé et a fortiori ce genre pictural évoluent cependant vers une description plus solide des architectures et de leurs matériaux et s’éteignent avec la chute de la République de Venise et la fin du Grand Tour.
Mais alors, qu’est-ce qui la distingue de la peinture de paysage ? Tout d’abord, c’est le sujet qui différencie les deux, la Veduta ayant pour thème la ville alors que le second embrasse toute vue, qu’elle soit rurale, marine ou alpestre. Nous pourrions ainsi affirmer que le genre pictural principal est le paysage tandis que les Vedute en sont une déclinaison. Mais c’est certainement leur propos qui les différencie. Nous l’avons vu, la Veduta a une mission testimoniale. Accrochée dans les salons des aristocrates de l’Europe du Nord, elle semble dire de leurs collectionneurs : « Regardez comme c’est beau et j’y étais ». Et ne serait-ce pas le même message que les cartes postales enverront à leur destinataire avec l’invention de la photographie et plus prosaïquement aujourd’hui nos selfies devant les mêmes vues ?
À vous de voir !
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