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Piet Mondrian - Composition II en rouge, blanc et bleu - 1937

On est grillé !

Oui, bien sûr que l’on peut voir dans la grille de Mondrian l’incarnation emblématique de l’urbanisme nord-américain. Cela voudrait dire alors qu’il y a dans l’abstraction géométrique un rapport de représentation avec la réalité figurative. Hum, on se grille un peu la réflexion en succombant à un pseudomorphisme facile, non ?

Piet Mondrian - Composition en rouge, jaune, bleu et noir

Comprendre l'usage de la grille en peinture abstraite

Souvenons-nous que l’abstraction ne saurait relever du simple reflet et que l’on s’égare à coup sûr quand on tente de la rapprocher de la réalité extérieure. Le propos de l’œuvre abstraite n’est pas une question de mimésis comme mode de production. L’abstraction repose sur l’identité du faire et de l’être, du paraître de l’objet et de son activité, pas de sa copie ou de son inspiration.

La grille est souple, un croisement régulier de lignes qui témoignent de l’occupation de la surface, celle du tableau. À la différence du quadrillage ou de l’échiquier, la grille n’est pas forcément orthogonale. Elle est plutôt un index de la surface picturale, un signifiant qui se réfère à lui-même, qui porte en lui une raison d’être. Pas un accident, un truc arrivé par hasard.

La grille a évolué dans l’histoire de l’art. En effet, si les Romains de l’Antiquité la voyaient comme un réceptacle émotionnel, la grille revêt aujourd’hui une dimension répétitive, voire ennuyeuse. Elle crée une distance tout en insufflant une notion de profondeur. La perspective peut être donnée lorsque les lignes convergent ou même seulement semblent converger vers un point de fuite.

Alors à quoi sert la grille dans l’art si elle ne représente plus rien ?

Le recours à la grille peut servir différents propos et notamment :

  • Une rationalisation ;
  • Un soubassement ;
  • Un support pour motifs ;
  • Une fragmentation de l’espace ;
  • L’indication d’un espace ou d’un mouvement ;
  • La structuration du temps, de la vie, du mouvement, du motif ;
  • Une esthétisation ;
  • Un ordre ;
  • Le contrôle du regard ;
  • Donner du contraste à des formes ou éléments ronds ;
  • Un ready-made.

 

Prenons l’œuvre de Gerhard Richter – 192 Farben – 1966 et examinons-la dans le sens voulu par l’artiste, à savoir en portrait. Que voit-on ?

En premier lieu, ce n’est pas la grille qui capte le regard, mais les couleurs. On a d’ailleurs du mal à fixer le tableau tant notre regard gesticule. Les carrés foncés nous appellent puis les jaunes, ensuite ce sont une succession de carrés qui viennent, générant une nouvelle forme tout aussi mobile. Bien que la grille compartimente les carrés de couleurs, elle ne se fait pas remarquer. Elle est là en tant que structure offrant un espace de dialogue entre les couleurs, les fragmentant pour que l’œil ne les fonde pas entre elles, mais saute de l’une à l’autre.

Gerhard Richter - 192 Couleurs

À vous de voir !

Observez une œuvre ayant recours à la grille, une œuvre de Piet Mondrian sera un bon exemple. Déterminez, à l’aide de la liste ci-dessous, le propos que la grille sert.

Et pour compléter votre analyse et votre compréhension des œuvres, procurez-vous le décodeur d’art sur  la boutique en ligne.

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