Se lire dans une oeuvre!
Ma première impression en voyant cette œuvre fut celle de me trouver devant l’entrée d’un palais antique. Des rectangles étroits occupant toute la verticalité des deux bords de la toile ressemblent, pour moi, à des colonnes cannelées, une sorte d’ordre ionique contemporain. Les bandes centrales forment à mes yeux un fronton. Et pourtant, il ne s’agit que de formes horizontales et verticales comme l’annonce le titre.
Voir une représentation dans l’art non figuratif
Alors, comment s’est produite l’analogie ?
Analogie spontanée, involontaire, je tiens à le préciser. Je n’ai pas cherché à y identifier quelque chose. À aucun moment, je n’ai voulu voir une représentation dans cette œuvre de Johannes Itten dont la démarche, j’en suis parfaitement conscience, est résolument non figurative. Il ne s’agit que d’une analogie de formes, un rapprochement tout à fait personnel.
Ce n’est pas la polychromie qui m’a mise sur cette voie puisque mon œil contemporain est habitué à voir les monuments antiques sans couleurs. C’est donc l’agencement des formes et des couleurs qui m’ont conduite vers ce temple !
Que voit-on, ou plutôt, qu’ai-je vu ?
De chaque côté des « colonnes » formées d’une succession de rectangles étroits, suggérant à mon sens le sol, deux rectangles de couleurs claires puis les suivantes, au deuxième plan, plus foncées induisent une profondeur de champ, une perspective. Mon regard se poursuit sur cette succession de plans colorés me menant de porte en porte jusqu’à la chambre funéraire.
Le propos de l’artiste n’était bien évidemment pas de représenter ni même d’évoquer quoi que ce soit, mais bien de jouer avec les formes et les couleurs. Théoricien de ces dernières, il en connaissait parfaitement les capacités d’illusion optique. Et ce sont grâce à ces propriétés que mon esprit s’est mis en promenade et en analogie.
Cette expérience m’aura démontré que refuser de voir une représentation dans l’art non figuratif est aussi stérile que chercher « à comprendre » ou à reconnaître le sujet évoqué par l’artiste. L’analogie doit se faire naturellement guider par l’émotion. Le plaisir de celle-ci peut être prolongé et amplifié par la compréhension des codes picturaux. Chercher à saisir comment ceux-ci peuvent contribuer à une impression ou à une analogie est un exercice qui me semble tout à fait pertinent.
À vous de voir... ce que vous voyez !
Choisissez une peinture non figurative qui vous plaise. Plantez-vous devant elle et laissez vos pensées et vos émotions circuler librement. Que voyez-vous ?
Et pour comprendre comment le peintre a procédé pour vous amener à cette réflexion, procurez-vous le décodeur d’art sur la boutique en ligne.
ART-TOI et vois plus et mieux !
