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William Turner - Rain, Steam and Speed

Turner, un proto-impressionniste?

Si Régulus nous fait invariablement penser à des œuvres de Claude Le Lorrain, Pluie-Vapeur-Vitesse ou Le Lac, Petworth, coucher de soleil et plus encore Venise et Santa Maria della Salute nous renvoie a priori à l’impressionnisme, mouvement qui s’épanouira 50 ans plus tard.

Alors Turner, proto-impressionniste ?
William Turner - Rain, Steam and Speed

Décrypter les mouvements artistiques

Observons les similitudes. La manière tout d’abord, peut-être parce que c’est elle qui est la plus probante. Aquarelliste, Turner travaille en transparence ou en laissant le support apparent (papier blanc ou toile enduite d’un fond blanc) pour apporter de la lumière dans ses œuvres, tout comme les impressionnistes. Ensuite, la touche est suggérée. Elle est frémissante, posée verticalement et horizontalement, par petites touches rapides. Elle imprime le mouvement, jusqu’à l’instabilité chez Turner, dans plus de plénitude chez les Impressionnistes. Turner choisit dès les années 1825 des échelles resserrées, n’embrassant plus de larges portions de nature. Le point de vue est posé à hauteur d’homme et non plus en plongée comme dans les scènes de montagnes, de gorges ou de vallées. Là aussi comme les impressionnistes le feront plus tard.

 

Pourtant Turner n’est pas un proto-impressionniste et nous allons voir pourquoi.

Si le choix du sujet, les éléments atmosphériques, est commun, le propos est tout différent. Turner convoque le sublime par tous les moyens picturaux et particulièrement la lumière. Il ne cherche pas à la rendre telle qu’il la voit ou dans l’impression qu’elle a sur lui mais pour l’effet qu’elle produit sur l’esprit. Il y a une sorte d’emphase de la lumière, elle est rendue à son paroxysme. Pour employer un mot en vogue à l’époque, il recherche l’effet du Sublime, dramatique, exalté, « romantique ».

Observons la couleur à présent. Turner utilisait les noirs pour contraster son sujet et le placer au-dessus de la réalité. Les impressionnistes sont des naturalistes qui peignent ce qu’ils voient. De fait, les contrastes de clair-obscur ne sont plus recherchés par ces derniers, les couleurs naturelles, doivent suggérer une atmosphère. Turner les choisit pour leur effet. D’autre part, il opère encore des mélanges, bien que parfois légers, alors que chaque touche impressionniste aura une couleur distincte.

Ensuite, Turner, s’il esquissait et réalisait des colour studies en plein air, ses œuvres étaient peintes en atelier. De surcroît, ses paysages pouvaient être composés, arrangés pour leur effet, dans une volonté parfois même de théâtralisation de la nature. Turner peignait une vision intérieure, celle de l’âme. Et en cela, il se rapproche plus des symbolistes et on verra des similitudes avec des peintres comme Rothko.

En résumé, et si on s’en tient aux définitions, les œuvres de Turner entrainerait des sensations, c’est-à-dire une émotion perçue par les sens tandis que les Impressionnistes parleraient par le biais d’une émotion aussi mais toucherait plus mon cœur et mon esprit. La démonstration reste à faire.

À vous de chercher le mouvement...pictural !

La prochaine fois que vous serez face à une œuvre, essayez de définir dans quel courant pictural elle s’inscrit et pour quelles raisons.

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