Y a un message ?...
En analysant cette œuvre de van Ruisdael pour un précédent article, une question m’a taraudée : quel est le message de ce paysage ? Et moi de partir dans de grandes élucubrations : des nuages annonciateurs de la colère de Dieu, un moulin signe de richesse, mais aussi de vanité, une image d’Epinal vantant la beauté de la Hollande, et quoi encore ? Et si je me faisais un film… ou plutôt une toile, car y a-t-il toujours un message dans les œuvres des peintres du Siècle d’or hollandais ? Suivez-moi, nous allons le savoir.
Décoder le message de l'artiste
Alors pour répondre à cette question, je me suis plongée uniquement dans la littérature disponible sur Internet : mon but étant que quiconque, sans connaissances particulières d’iconographie et sans lire mille et un ouvrages d’érudits puisse s’en faire une idée. L’analyse que je vous livre ici émane de plusieurs sources, toutes grand public[1].
Au risque de vous décevoir, tout ce qui suit n’est qu’hypothèse dans le cas de Jacob van Ruisdael puisqu’il n’existe aucun document indiquant ses intentions. Lorsque le sujet est universel tel Le Cimetière juif, l’allégorie étant universelle, on peut raisonnablement y voir le symbole universel de la fragilité de la vie, mais un moulin…
Voici un amusant pot-pourri (pas si pourri que cela par ailleurs) de théories bien contradictoires.
Commençons par une extrême avec Franz Theodor Kugler qui voit un sens à presque tout : Ils [les tableaux de cette période] montrent tous le pouvoir silencieux de la nature, qui s’oppose avec sa main puissante à l’activité mesquine de l’homme et, avec un avertissement solennel, repousse ses intrusions.
Bon, tout est symbole selon ce brave historien de l’art de la fin du XIXe siècle.
Et puis, il y a les modérés en matière d’avis.
John Walford voit ces œuvres « pas tellement comme porteuses d’une signification narrative ou symbolique, mais plutôt comme des images reflétant le fait que le monde visible était essentiellement perçu comme ayant de façon évidente une signification spirituelle inhérente ». Pour Boudewijn Bakker et Diane Webb, toute l’œuvre de l’artiste peut être interprétée selon la vision religieuse du monde en son temps : la nature est la première création de Dieu, à la fois par ses qualités divines intrinsèques et par le souci évident de Dieu pour l’homme et le monde. L’intention est spirituelle et non morale.
Là, Au revoir le symbolisme déguisé et Bonjour le mysticisme !
D’autres historiens de l’art, à l’instar d’Andrew Graham-Dixon, affirment que tous les paysagistes du Siècle d’or néerlandais ne pouvaient s’empêcher de peindre un sens partout. Ainsi, Le Moulin de Wijk de Duurstede symboliserait le travail acharné, nécessaire afin de maintenir la Hollande au-dessus de l’eau et d’assurer l’avenir des enfants de cette nation.
Ce pauvre moulin devient sous leur plume une œuvre de propagande dont les peintres du Réalisme socialiste auraient pu s’inspirer.
Pour terminer, il y a les poètes qui voient dans cette simple machine à moudre le blé le portrait de la patrie néerlandaise que ses habitants ont dû conquérir par deux fois : d’abord sur la mer et ensuite sur les envahisseurs étrangers.
Et je vous épargnerai les vingt-cinq autres hypothèses tentant de comprendre le message de ce fameux moulin. Là, j’avoue être un peu perdue. Et vous ? Aussi pour conclure, vais-je vous proposer de vous rallier à l’avis de mon compatriote Johann Heinrich Füssli qui soutenait que les œuvres de ce type (les paysages notamment) n’ont aucune signification particulière et ne sont qu’une représentation de la nature. Fin de non recevoir pour les amoureux du symbolisme et Bienvenue aux amoureux des plaisirs simples, tel celui de contempler un magnifique paysage !
À vous d'aller plus loin !
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ART-TOI et vois plus et mieux !
