Pompier or not Pompier!
… c’est toute la question de l’Académisme !
Si je vous dis « Académisme », ça vous fait penser à quoi ?
A ça par exemple ?!….
Comprendre l'Académisme en peinture
Spontanément, je relie l’académisme à la pratique de l’art en général et à la peinture en particulier avec un léger a priori négatif. À mes yeux, ce qui a été « filtré » par une académie ou un académisme est forcément un peu ampoulé, manquant d’originalité, émanant d’un esprit étriqué ou rétréci par des conventions et des contraintes empiriques. L’académisme aurait pour conséquence de tuer généralement la libre pensée, le libre arbitre.
Pourtant, j’apprécie certaines œuvres d’art académiques dites « pompier ». Quant à l’esprit académique, il a plutôt bonne presse à mes yeux. Et dans le domaine de la pensée, est « académique », selon ma définition, ce qui a été pensé par un collège d’érudits ayant réfléchi à la question et en concertation. Cette démarche peut mener, il me semble, à des réflexions et conclusions plus abouties que si elles émanaient d’une seule personne, aussi savante soit-elle.
En bref, une notion pour le moins controversée dans ma tête. Alors l’Académisme, bon ou mauvais ? Je concentrerai mes réflexions, dans cet article, sur le champ artistique exclusivement.
Pour commencer, intéressons-nous à ce que les dictionnaires nous disent à ce sujet : Tendance chez un artiste à observer les enseignements formels des académies et à mouler sa production dans des cadres esthétiques traditionnels. Il applique des recettes d’atelier sans chercher à les dépasser, se garde d’innover et respecte la tradition.
Bon, là rien de vraiment positif. L’auteur ne voit dans l’académisme que pratique figée et servitude aux règles imposées par des conservateurs. Poursuivons.
L’académisme engendre la sclérose, la stéréotypie, la copie de poncifs, le goût des grandes machines et s’oppose à l’avant-garde. L’artiste ne pouvant pas ou plus se concentrer sur la modernité, quelque chose de nouveau.
Pas mieux pour le pauvre artiste considéré comme perdu pour l’art dès qu’il a eu le malheur de passer dans les mains de l’Alma Mater artistique. Et quid des artistes chinois dont la formation était exclusivement basée sur la copie la plus fidèle possible avant de développer leur propre style, souvent à un âge canonique ? Si on ne peut parler d’avant-garde ou de modernité dans l’art chinois jusqu’à une époque récente, on pourra au moins concéder à cet art des qualités esthétiques indéniables en plus d’une approche spirituelle et philosophique que peu d’artistes occidentaux atteindront dans leurs œuvres (ce n’est pas leur but ou leur propos par ailleurs).
Maintenant, écoutons mon penseur chéri, André Comte-Sponville dans son Dictionnaire philosophique :
Soumission exagérée aux règles de l’école ou de la tradition, au détriment de la liberté, de l’originalité, de l’invention, de l’audace. Propension à imiter, chez les maîtres, ce qui est en effet imitable (la doctrine, la manière et les tics) plutôt que ce qui importe vraiment, qui ne l’est pas.
Ah, j’ai bien fait de le consulter celui-là, car la nuance est de taille : Propension à imiter une doctrine, une manière, des tics plutôt que ce qui importe, déplore-t-il. Avec cette définition, on comprend que les peintres chinois procédaient de manière très différente. Ils copiaient, certes, mais ni la doctrine, ni la manière, encore moins les tics, ce n’était pas le but.
L’activité de copie servait à exercer la main, le bras, le corps, le souffle et l’âme sur la base de modèles pour en intégrer l’essence et se construire à travers ces expériences.
Alors serait-ce une question d’enseignement ? En d’autres termes, les académies ont-elles exercé une mauvaise influence, ont-elles été nuisibles aux artistes de leur temps ? Il me paraît difficile de répondre à cette question de façon générale, tant parce que certaines institutions ont exercé une influence stimulante sur leurs élèves permettant à leur région de devenir des centres culturels importants que parce que de nombreux artistes ont su ou pu s’en affranchir, créant des œuvres originales. Cela revient à dire qu’il est plus question des capacités du peintre que de celles de l’enseignement pour engendrer des œuvres dignes d’entrer dans l’histoire de l’art. La formation artistique, quelle qu’en soit la nature, encourageait certainement la réalisation de travaux esthétiques dans le but d’acquérir et de développer des compétences, même si ces enseignements étaient dispensés de façon rigide, voire dogmatique. Il n’y a rien de méprisable dans cette démarche. En revanche, est répréhensible le fait de ne pas surmonter, dépasser ces exercices de copiste servile, manière que certains peintres, par manque de volonté, de compétences, par paresse ou par goût, auront perpétuée alors que d’autres s’en seront affranchis. Et aujourd’hui, comment départager les bons des mauvais ? La réponse se trouve dans notre faculté de juger, dirait ce brave Kant.
À vous de juger !
Voici deux peintres issus de formation classique (l’un académique et l’autre dans l’atelier d’un maître), à deux siècles d’écart, traitant le même sujet.
Qui a produit un chef-d’œuvre et qui a produit un plus ou moins bon… Hors d’œuvre ?
Et pour compléter votre lecture, je vous donne rendez-vous à dans l’article Chef-d’oeuvre ou hors-d’oeuvre et sur la boutique en ligne. pour compléter votre analyse.