Décrypter un tableau facilement, ah oui et comment ? Avec quelques astuces et une grille de lecture, vous verrez rapidement beaucoup plus et beaucoup mieux l’art.
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On se prépare
Aujourd’hui, c’est décidé, vous avez décidé « d’apprendre à voir » : direction le lieu sacré (un musée ou une exposition), ce fil rouge en main et des attentes à revendre… Euh, non, ce n’est certainement pas ainsi que vous parviendrez à voir quelque chose ! On commence par une petite préparation et quelques astuces.
1. On se rend dispo
Baignés, immergés, noyés même dans un flot continu d’informations et d’images, nous avons appris à être sélectifs. Commençons par chasser toutes les images superflues de notre tête, toutes les pensées parasites et rendons-nous disponibles pour accueillir cette communication sensible, avec la curiosité d’un jeune enfant.
2. On prend son temps
Une étude a établi que les visiteurs des musées passaient en moyenne moins de vingt secondes devant chaque toile. Comment peut-on se souvenir des principaux éléments de l’œuvre quand l’observation dure moins d’une minute ? Tentez donc de lire un bilan d’entreprise en 20 secondes et d’en retenir l’essentiel ! Le premier travail consiste à prendre son temps. On a inventé le Slow Food après avoir ingurgité du Fast Food pendant des années, à nous le Slow Watching, que nous pourrions franciser en Lent Regard.
3. On se rencontre
La rencontre entre deux étrangers est souvent le fruit du hasard, au détour d’une rue, sur le quai d’une gare, dans un avion ou un musée… Il en est de même pour l’art, que cette rencontre soit préméditée – visite d’une exposition – ou inattendue – lorsqu’on remarque soudain un tableau dans une galerie ou un endroit public.
4. On choisit ses armes
Je me souviendrai longtemps de mon expérience cuisante lors de la visite d’une exposition temporaire dans un grand musée parisien. J’ai poireauté dans une file d’attente, sur le pavé, presque deux heures, sous une pluie battante tout d’abord, puis sous un soleil de plomb, alternance météorologique qui eut pour conséquence de créer un délicieux effet de serre ! Enfin entrée dans le temple de l’Art, toutes les conditions étaient réunies pour aller au plus vite… me reposer à la cafétéria du musée ! Ainsi et puisqu’il s’agit de regarder peu, mais bien, le musée local fera bien mieux l’affaire que les grand-messes des capitales.
5. On part les mains dans les poches
Pour une première visite, n’ayons aucun autre but que celui de provoquer une première rencontre. Partons les mains dans les poches, humons l’atmosphère calme et sereine d’un lieu d’exposition. Entrons dans les salles au gré de notre humeur et de notre fantaisie. Ne faisons rien d’autre que regarder les œuvres dans leur ensemble puis séparément sans chercher à analyser ou à « comprendre ». Regardons les toiles comme nous le ferions avec de jolies fleurs dans un jardin d’acclimatation. En d’autres termes, laissons travailler nos sens.
Et on apprend à lire…. l’art
Maintenant que nous avons apprivoisé les lieux, que certaines toiles ont suffisamment retenu notre attention pour aller les revoir et que nous avons vécu cette expérience avec plaisir, cette étape va nous permettre d’y voir plus clair. Il s’agit ici d’insérer un peu de méthode dans notre approche, de structurer notre lecture. C’est bien le but de cette invitation.
1. On fait son marché
C’est le moment de faire son marché ; un maître du XVe siècle par-ci, un tableau gigantesque du Baroque par-là, peu importe le choix, pourvu que les œuvres nous attirent. Pour ce faire, les musées régionaux possèdent des chefs-d’œuvre, souvent de peintres moins connus, plus locaux, mais permettant de se rendre sur place aussi souvent que nécessaire pour y observer des éléments. C’est également le moment d’acheter le fameux « Pass annuel » que la plupart des institutions muséales proposent.
2. On s'informe
Aucune préparation n’est nécessaire. Il suffit de prendre connaissance des informations disponibles dans le lieu d’exposition telles que le cartel du tableau ou les panneaux explicatifs. Cette phase est utile pour appréhender et contextualiser le tableau avant d’en décortiquer chaque élément. Pour y parvenir, voici quelques questions
- Le titre de l’œuvre : Quel indice le titre nous donne-t-il ?
- L’artiste ; Que connaissons-nous de l’artiste, quels sont les faits marquants de son existence ? Quel impact sa vie a eu sur son oeuvre ?
- Les dimensions de l’œuvre : Quels sont les dimensions de l’œuvre ? Quel est l’impact des dimensions du tableau sur moi ?
- Le genre pictural : Quel est le genre de l’œuvre ? Qu’est-ce que cela nous dit de l’œuvre ?
Il n’est pas nécessaire de répondre à toutes ces questions. On ne notera que ce qui permet la compréhension de l’œuvre.
3. On décrit son tableau
Il s’agit de décrire objectivement ce que nous voyons tout en étant le plus précis possible. Le but est d’observer le tableau et de nous l’approprier. Pour nous aider, demandons-nous ce que nous voyons et décrivons l’œuvre comme si nous le faisons à quelqu’un qui ne peut pas la voir.
4. On parle au tableau
Nous allons maintenant interroger l’œuvre, lui poser des questions précises. En détaillant son contenu, nous allons la regarder comme une inconnue, avec curiosité. Nous nous pencherons sur les différents éléments de la composition, les formes, les couleurs et la lumière. Tel un détective, nous mobiliserons notre intuition, ferons marcher notre esprit de déduction, relèverons des indices, récolterons le maximum d’informations pour trouver l’énigme : ce que le peintre nous dit. Voici l’interview :
- L’espace : comment est-il occupé ? Quelle est l’occupation des différents plans ? Y a-t-il des zones vides et pleines ?
- La perspective : Est-ce un espace réaliste ou illusionniste ?
- Le point de vue : où le peintre nous a-t-il placé en tant que spectateur de l’œuvre ?
- Les formes : Quelles sont-elles ? Le tableau est-il dominé par un type de forme en particulier ou une variété de formes différentes ? Comment sont-elles traitées ?Comment s’effectue le passage de l’une à l’autre ? Les formes, sont-elles géométriques ? Y a-t-il des lignes droites et des courbes parfaites ou sont-elles plus naturelles ?
- Les couleurs : Quelles sont les couleurs principales ? Y a-t-il des correspondances (clair-foncé, chaud-froid, complémentaire-primaire) ? Est-ce que les couleurs s’opposent ou sont-elles plutôt en harmonie ?
- La lumière : artificielle ou naturelle, d’où vient-elle ? Est-ce qu’un élément est éclairé ? Y a-t-il des ombres et des contrastes ?
Et maintenant à voir d’y voir encore plus !
Pour compléter votre analyse et votre compréhension de chaque élément pictural, procurez-vous le décodeur d’art sur www.art-toi.com
ART-TOI et vois plus et mieux !