Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Histoire de l’Art en 10 tableaux (re)connus

Catherine Hanh
Catherine Hanh

Auteure du livre : La Peinture, enfin j'y vois quelque chose !

Pourquoi ces tableaux sont-ils (re)connus ?

Une brève histoire de l’art en 10 tableaux (re)connus

Parcourir l’histoire de l’art à travers une quinzaine d’œuvres, comment les choisir ?

Fallait-il retenir les œuvres qui ont marqué leur époque ? Mais rares sont les artistes qui furent reconnus de leur vivant. Fallait-il se concentrer sur les tableaux qui ont marqué l’histoire de l’art en raison de leur innovation technique et stylistique ou parce que les artistes étaient des avant-gardes ? Trop d’œuvres seraient laissées pour compte. En désespoir de cause, j’ai décidé de vous présenter des œuvres pour leur « caractère », comme des personnalités. Je les ai catégorisées ainsi :

Les influenceuses

Ce sont des œuvres d’avant-garde, disruptives, innovantes, scandaleuses ou qui augurent un style nouveau : Claude Monet avec Impression Soleil levant, œuvre ayant donné son nom à l’un des courants artistiques les plus connus ou Manet ayant créé un terrible raffut dans le public avec son Déjeuner sur l’herbe.

Les mondaines

Elles sont devenues célèbres pour des raisons diverses voyant défiler des hordes de visiteurs ou prises pour cible d’objets dérivés. Il s’agit évidemment de La Joconde, notamment.

Les engagées

Ces œuvres parlent de notre société, la dénoncent, la mettent en exergue ou la décrient plus ou moins ouvertement. Guernica de Picasso en est le parangon (même s’il s’est défendu d’être un artiste engagé) mais aussi Le Radeau de la Méduse de Géricault.

Les expressives

Ce sont des œuvres qui crient, qui souffrent, qui dérangent, qui bouleversent comme l’ensemble de l’œuvre de Van Gogh.

Les stimulantes

Ces œuvres secouent nos neurones, s’adressent à notre capacité de réflexion ou encore nous intriguent. Salvador Dali en est l’archétype et plus récemment Damien Hirst avec ses False Idols.

Les sensibles

Ces œuvres font du bien à notre âme, elles parlent à nos émotions et savent nous faire réagir ou parler. Ce sont des œuvres intimistes ou dont la charge spirituelle ou symbolique est importante. Les Epoux Arnolfini de Van Eyck en font partie ainsi que La Jeune fille à la perle de Vermeer.

1.L’intimité selon Van Eyck

Jan Van Eyck, Les Époux Arnolfini, 1434
Jan Van Eyck, Les Époux Arnolfini, 1434

Quelle est sa place dans l’histoire de l’art ?
Il s’agit du premier portrait de deux personnes de la peinture européenne n’appartenant ni à la noblesse ni au clergé. Il représente un couple de riches marchands italiens installés à Bruges. On les voit dans leur intimité quotidienne : une chambre à coucher avec un lit à baldaquin, des chaussures abandonnés sur le sol et des fruits sur le rebord de la fenêtre.
Lorsque Van Eyck réalise cette œuvre sur bois en 1434, c’est le style gothique qui est encore en vogue avec ses sujets religieux, ses drapés rigides, ses postures codifiés et figés. Bien que réalistes, les proportions sont encore légèrement allongées comme c’est l’usage dans la peinture hollandaise de l’époque. Mais plusieurs éléments annoncent un renouveau dans l’art, celui qu’on appellera « La Renaissance du Nord » avec son réalisme et son rendu méticuleux des détails. La peinture religieuse est remplacée par des scènes de genre et des nature morte dont les symboles à profusion transmettent des messages codés aux regardeurs. Cette œuvre est également l’une des premières réalisées à la peinture à l’huile et non plus a tempera. Ce nouveau médium permet un rendu précis car la matière séchant plus lentement, il permet le retravail dans la masse.

Pourquoi cette œuvre est importante pour nous ?
Ce portrait est une illustration réaliste d’une époque et d’une société. Il nous permet d’entrevoir la montée en puissance d’une bourgeoisie marchande qui fera la Fortune des peintres du XVIIe dans les pays du Nord. Ce portrait intime se déroulant dans la chambre à coucher des époux, on peut apprécier le décor de cette époque mais aussi les symboles religieux en vigueur tels que rosaire, chandelle, petite statue de Sainte-Marguerite.

Quel est le message ?
À cette époque, tout est symbole. Décryptons-en quelques-uns. Les couleurs tout d’abord, le vert est synonyme d’espérance, une naissance prochaine probablement ou pour le moins une fécondité espérée. Le brun et le noir symbolisent l’autorité. Le rouge tout comme les oranges, teinture et produits de luxe en ce temps-là, révèlent la richesse du couple. Le petit chien est synonyme de fidélité conjugale. L’homme est proche de la fenêtre, position indiquant qu’il fait partie du monde des affaires tandis que l’épouse est proche du lit, représentant la femme au foyer. Son expression soumise et inexpressif va dans ce sens également. La main levée du mari signifie son serment de fidélité à celle dont il tient la main. Tous deux sont richement vêtus indiquant leur position sociale.

Au centre du tableau, il y a un miroir bombé, objet tout sauf anodin. Il permet au peintre de dessiner l’entièreté de la scène et de la pièce en une seule vue, de créer une perspective complexe avec des lignes fuyantes courbes et cet objet fait référence à ceux des commerçants et des banquiers de l’époque installés pour surveiller leur boutique.
Et puis, lorsque l’on regarde attentivement le miroir, on peut remarquer que, dans le reflet, les époux ne se tiennent pas la main et que le chien (qui est un symbole de fidélité) a disparu. Oups… Pour terminer, on verra le peintre dans le reflet, il s’est invité dans la pièce, signifiant par-là l’importance de son statut.

En résumé, le peintre se targue d’être un artiste et non plus un artisan, l’homme d’être un homme de haut rang dans le commerce et la femme l’assurance d’une future descendance pour son mari. Tout un message !

2.La mondaine de Léonard

Léonard de Vinci - Mona Lisa, La Joconde, 1503
Léonard de Vinci - Mona Lisa, La Joconde, 1503

Quelle est sa place dans l’histoire de l’art ?
Nous sommes à la Renaissance, en Italie. Cette période est marquée par l’humanisme et le réalisme des sujets représentés et des personnages plus particulièrement. A l’époque où Léonard de Vinci réalise cette œuvre, ils sont peintres célèbres à se disputer le marché : Vinci, le plus âgé, Michel-Ange qui a alors une quarantaine d’années et le benjamin Raphaël. Trois génies.

Qui est le modèle ?
On rapporte que le commanditaire du tableau auprès de Léonard de Vinci était un noble installé à Florence. Deux fois veuf, Francesco del Giocondo épousa en 1495 une jeune femme prénommée Lisa. Pourtant une autre théorie veut que la jeune femme représentée ne soit autre qu’une favorite de Julien de Médicis, dirigeant de la République florentine. À ce jour, le mystère n’a toujours pas été résolu.

Pourquoi la Joconde est-elle tellement célèbre ?
Si le talent indéniable de Léonard de Vinci y est pour beaucoup dans la reconnaissance de ce tableau en tant que chef-d’œuvre, son histoire n’y est pas étrangère non plus. Il a en effet eu de nombreux admirateurs : Napoléon Bonaparte, l’empereur français, a été l’un des plus célèbres. Il l’avait d’ailleurs fait accrocher dans sa chambre à coucher pour pouvoir l’admirer en privé. Pablo Picasso, l’un des artistes les plus influents du XXe siècle, était également fasciné par La Joconde. Il admirait la technique de Vinci et sa capacité à rendre une figure de manière aussi vivante. Même Vincent van Gogh ne tarissait pas d’éloges. Dans une lettre à son frère Théo, il écrit : « Il n’y a rien de plus beau qu’un tableau de Léonard de Vinci ».
Mais est-ce pour cela qu’elle est si connue ? En fait, cette œuvre n’est devenue vraiment célèbre que grâce à…son vol. En effet, en 1911, un Italien souhaitant renvoyer ce trésor dans son pays d’origine déjoue le système de sécurité et s’en empare. Elle restera dans sa mansarde pendant plus de 2 ans.

Quelles sont les qualités artistiques de la Joconde ?
Tout d’abord, la composition du tableau attire particulièrement le regard. En effet, le portrait est cadré de façon très originale pour l’époque et est étrangement contemporaine, on dirait une photo d’identité d’aujourd’hui.
Léonard de Vinci a développé la technique du sfumato qui signifie en italien « enfumé ». Il s’agit de superposer des couches de peinture extrêmement délicates qui donne aux formes un contour imprécis et apporte une grande douceur à l’ensemble. Cette technique a été employée en particulier au niveau des yeux dans la mise en ombrage. La palette est sourde, apparemment restreinte mais les couleurs sont denses et riches ce qui suggère autant le mystère que l’opulence et la chaleur.
L’effet de perspective est rendu par la technique dite « atmosphérique » avec l’utilisation de tons bleutés qui rendent l’illusion d’éloignement.
Et puis il y a ce regard, on a l’impression que le personnage nous suit du regard, quel que soit l’endroit où nous l’observons. Ce mystère montre bien tout le génie de Léonard de Vinci.
Quant au célèbre sourire de Mona Lisa, on raconte que des musiciens ont joué pendant les heures de travail du peintre pour conserver cette attitude joyeuse. Ce n’est probablement que la maitrise picturale de Léonard de Vinci qui en fait sa magie : une légère dissymétrie visible lorsqu’on masque la moitié du visage avec une main : les lèvres de la droite de sa bouche (du côté des montagnes) sont relevées un peu plus haut que celles de la gauche.
Tout simplement !

Quelle est sa place dans l’histoire de l’art ?
Nous sommes à la Renaissance, en Italie. Cette période est marquée par l’humanisme et le réalisme des sujets représentés et des personnages plus particulièrement. A l’époque où Léonard de Vinci réalise cette œuvre, ils sont peintres célèbres à se disputer le marché : Vinci, le plus âgé, Michel-Ange qui a alors une quarantaine d’années et le benjamin Raphaël. Trois génies.

Qui est le modèle ?
On rapporte que le commanditaire du tableau auprès de Léonard de Vinci était un noble installé à Florence. Deux fois veuf, Francesco del Giocondo épousa en 1495 une jeune femme prénommée Lisa. Pourtant une autre théorie veut que la jeune femme représentée ne soit autre qu’une favorite de Julien de Médicis, dirigeant de la République florentine. À ce jour, le mystère n’a toujours pas été résolu.

Pourquoi la Joconde est-elle tellement célèbre ?
Si le talent indéniable de Léonard de Vinci y est pour beaucoup dans la reconnaissance de ce tableau en tant que chef-d’œuvre, son histoire n’y est pas étrangère non plus. Il a en effet eu de nombreux admirateurs : Napoléon Bonaparte, l’empereur français, a été l’un des plus célèbres. Il l’avait d’ailleurs fait accrocher dans sa chambre à coucher pour pouvoir l’admirer en privé. Pablo Picasso, l’un des artistes les plus influents du XXe siècle, était également fasciné par La Joconde. Il admirait la technique de Vinci et sa capacité à rendre une figure de manière aussi vivante. Même Vincent van Gogh ne tarissait pas d’éloges. Dans une lettre à son frère Théo, il écrit : « Il n’y a rien de plus beau qu’un tableau de Léonard de Vinci ».
Mais est-ce pour cela qu’elle est si connue ? En fait, cette œuvre n’est devenue vraiment célèbre que grâce à…son vol. En effet, en 1911, un Italien souhaitant renvoyer ce trésor dans son pays d’origine déjoue le système de sécurité et s’en empare. Elle restera dans sa mansarde pendant plus de 2 ans.

Quelles sont les qualités artistiques de la Joconde ?
Tout d’abord, la composition du tableau attire particulièrement le regard. En effet, le portrait est cadré de façon très originale pour l’époque et est étrangement contemporaine, on dirait une photo d’identité d’aujourd’hui.
Léonard de Vinci a développé la technique du sfumato qui signifie en italien « enfumé ». Il s’agit de superposer des couches de peinture extrêmement délicates qui donne aux formes un contour imprécis et apporte une grande douceur à l’ensemble. Cette technique a été employée en particulier au niveau des yeux dans la mise en ombrage. La palette est sourde, apparemment restreinte mais les couleurs sont denses et riches ce qui suggère autant le mystère que l’opulence et la chaleur.
L’effet de perspective est rendu par la technique dite « atmosphérique » avec l’utilisation de tons bleutés qui rendent l’illusion d’éloignement.
Et puis il y a ce regard, on a l’impression que le personnage nous suit du regard, quel que soit l’endroit où nous l’observons. Ce mystère montre bien tout le génie de Léonard de Vinci.
Quant au célèbre sourire de Mona Lisa, on raconte que des musiciens ont joué pendant les heures de travail du peintre pour conserver cette attitude joyeuse. Ce n’est probablement que la maitrise picturale de Léonard de Vinci qui en fait sa magie : une légère dissymétrie visible lorsqu’on masque la moitié du visage avec une main : les lèvres de la droite de sa bouche (du côté des montagnes) sont relevées un peu plus haut que celles de la gauche.
Tout simplement !

3.La sensualité de Vermeer

Vermeer, La Jeune fille à la perle, 1665
Vermeer, La Jeune fille à la perle, 1665

Quel est le contexte ?
Vermeer est un peintre dont on ne connait à peu près rien hormis que sa production est extrêmement restreinte puisqu’il n’a réalisé que 36 œuvres. On peut donc en déduire qu’il travaillait très lentement. La plupart de ses œuvres sont des scènes intimes, souvent des maisons en pleine action, des instantanés, dans lesquelles le spectateur est invité tout en étant tenu à l’écart. Les principaux clients de Vermeer étaient de riches marchands qui aimaient ces représentations. Mais dans cette œuvre, l’artiste représente quelque chose de différent : une étude psychologique.

Quel est le genre de l’œuvre ?
Un portrait voyons… Eh bien, pas vraiment ! A l’époque, les portraits avaient un but précis : représenter un personnage particulier, honorer sa mémoire, asseoir sa position sociale, etc.
Or, la jeune fille est un quidam. Ainsi, il ne s’agit pas d’un portrait mais d’une figure de fantaisie, ce que l’on appelait à l’époque une tronie (« tête »). Ce genre apparut autour de 1630 dans l’atelier de Rembrandt. Entre portrait et peinture d’histoire, ces études montraient souvent des modèles habillés de riches vêtements exotiques, évocateurs d’un Orient imaginaire.

Quel est le message ?
On peut postuler que l’artiste nous apprend à voir la beauté dans la simplicité. Son visage est plutôt commun, sans caractère distinctif. Nous ne savons rien d’elle. Tout est en sobriété. Un fond sombre, très peu d’éléments, Vermeer réalise ce tableau dans un style totalement opposé à celui du Baroque alors en vigueur dans son pays. Il y a une économie de moyens. Ne subsiste que l’essentiel, la beauté et l’émotion pures.

Quelles sont les qualités artistiques de cette œuvre ?
Vermeer travaillait habituellement sur fond clair. Or ici, c’est tout le contraire. L’arrière-plan sombre fait ressortir la peau très claire du modèle. Les couleurs sont peu nombreuses (une dizaine de pigments seulement) et principalement le bleu outremer et le jaune citron qui contrastent fortement. A l’évidence, Vermeer veut mettre l’accent sur l’expression du modèle. Le peintre pose la pâte très fine en aplats et en couches successives avant de nuancer les formes par le modelé. On sait aujourd’hui qu’il utilisait la camera oscura (procédé qui projette une image sur une surface plane) lui permettant un rendu très précis du sujet.

Pourquoi cette œuvre est tellement appréciée ?
Parce qu’elle nous parle, non ? En fait, il suffit de détailler ce portrait pour répondre à cette interrogation. Une jeune fille habillée d’une robe et portant un turban bleu lapis-lazuli est représentée dans un léger flou. Une très grosse boucle d’oreille en forme de perle brille dans la lumière. Le fond très sombre contraste intensément avec le sujet. Cette jeune fille nous regarde, avec douceur mais intensité, ses yeux semblent à la fois nous fixer et rester dans le flou et pour terminer ses lèvres entrouvertes semblent nous dire quelque chose mais dégagent également une sensualité presque dérangeante. L’autrice Tracy Chevalier en a écrit l’histoire (fictive) qui résume bien, je pense, celle que nous pourrions nous raconter mentalement face à cette œuvre.

4. La colère de Géricault

Le Radeau de la méduse - Géricault,1818-1819
Le Radeau de la méduse - Géricault,1818-1819

Quel est le contexte ?
Tout d’abord nommé Scène d’un naufrage par Théodore Géricault, le « Radeau de la Méduse » est l’une des peintures les plus célèbres du Romantisme, mouvement artistique dans lequel les scènes dramatiques ont toute leur place. Ce tableau peint entre 1818 et 1819, représente un triste événement survenu deux ans auparavant, au large des côtes sénégalaises. Une frégate de la marine royale fait alors naufrage au bord des côtes africaines. Son capitaine, peu expérimenté, n’arriva pas à redresser l’embarcation. Les chaloupes n’étant pas suffisantes pour le nombre de marins, les officiers restants ont dû construire un radeau avec les moyens du bord. Sur les 150 hommes partis sur le radeau, seuls 10 survécurent aux tempêtes et épisodes de cannibalisme qui affecta l’équipage.

Pourquoi est-ce une œuvre engagée ?
Théodore Géricault aurait peint ce tableau en protestation contre le gouvernement d’alors, celui de la Restauration. Il tient le récit de cette tragédie humaine des survivants auprès desquels il a mené son enquête. L’artiste semble prendre position contre la traite des Noirs qui se pratiquait toujours malgré son interdiction. C’est pourquoi Géricault y peint trois figures d’hommes noirs alors qu’il n’y aurait eu qu’un seul parmi les rescapés.

Quel message nous est donné ?
Nous sommes au première loge d’un drame humain, nous le vivons avec les naufragés grâce à cette œuvre gigantesque (de presque cinq mètres par plus de sept). Elle nous saisit par son réalisme et engendre spontanément des émotions de compassion, de peur, voire de stupeur. L’action est tournée vers l’avenir, vers le soleil, mais en bas à droite un cadavre commence à glisser dans l’eau. Et c’est là que le regardeur du tableau se tient. Géricault nous met dans une position très inconfortable à l’arrière de cette embarcation de fortune. Les expressions sont intenses, tournées vers le soleil et ce navire au loin, donnant de l’espoir aux échoués, mais en vain puisque celui-ci ne les verra pas. Tous les éléments picturaux sont là pour délivrer un message.

Quelles sont les qualités artistiques de cette œuvre ?
C’est la composition qui est le fait le plus remarquable de cette œuvre, organisée autour de trois pyramides ayant chacune sa propre signification. La première est formée par le mât et les cordes qui le tiennent, symbole de l’avenir et de l’espoir avec la figure centrale d’un homme noir agitant sa chemise. La seconde montre des hommes morts ou désespérés. La troisième met en scène, à sa base, des cadavres et des mourants, desquels émergent les survivants. La ligne d’horizon séparant la mer du ciel est placée en hauteur et découpe au loin une mer calme alors que Géricault la rend très agitée autour du radeau, accentuant le côté dramatique de la scène.
La palette de Géricault est composée de couleurs aux tons pâles, afin de représenter la chair des personnages, ainsi que de couleurs sombres pour les vêtements, le ciel et l’océan. Ces dernières dominent et contrastent avec une lumière très claire et froide, ce clair-obscur permettant de suggérer le caractère tragique de la scène. De plus, Géricault utilise un vert très sombre au lieu d’un bleu profond pour représenter l’océan, le rendant plus glauque et terrifiant.
Cette œuvre aurait pu porter le slogan légèrement détourné d’un célèbre magazine français…le poids des mots picturaux, le choc du tableau !

5.Le raffut (sur l’herbe) de Manet

Edouard Manet – Le Déjeuner sur l’herbe - 1863
Edouard Manet, Le Déjeuner sur l’herbe - 1863
Le Concert champêtre, Titien - 1503

Pourquoi cette œuvre a-t-elle choqué ?
Pourtant approuvée officiellement à l’Académie française, cette œuvre est rejetée par le jury du Salon de 1863 où elle devait être présentée. Jugée vulgaire, indécente, provoquante, obscène même, les critiques fusent. Pourtant, Manet soutient (ingénument…) s’être inspiré du Concert champêtre du Titien. Jugeons son allégation. C’est vrai qu’il s’agit du même sujet : quatre personnages, deux femmes et deux hommes autour d’un joyeux pique-nique. Ils profitent de la quiétude d’une clairière. Les femmes sont nues, les hommes habillés. Tout semble y être. Alors où est le mal dans l’œuvre de Manet ? En fait, dans chaque détail. Le regard de la femme qui nous toise tandis que la seconde se baigne hardiment : celles du Titien ne nous font pas face. Les hommes sont des dandys contemporains, habillés de leur costume de ville : Titien les a costumés en personnages champêtres. Les dimensions sont celles de la peinture d’histoire ou allégorique, enlevant la possibilité d’y voir un tableau d’alcôve.

Quel est le message ?
Aujourd’hui encore, le message du peintre n’a pas été élucidé. Certains chercheurs émettent l’idée que cette œuvre montrerait la condition déplorable des femmes dans la société de l’époque. Ayant perdu toute déférence pour les peintres du passé, Manet aurait cherché à les éclipser pour caricaturer la sexualité des mœurs bourgeoises de son époque, cachée sous un romantisme apprêté. La muse porteuse d’eau du Titien serait devenue sous le pinceau de Manet la baigneuse dont l’attitude peut être interprétée comme une personne prise d’une envie pressante ou une prostituée qui prend soin de se laver après l’acte sexuel. La grenouille dans le coin gauche en bas de la toile ne serait rien d’autre qu’un symbole puisque les étudiants l’utilisaient pour parler des prostituées. La colombe sacrée aurait été remplacée par le bouvreuil qui déploie ses ailes sur la jeune femme en train de se soulager. On verrait le panier renversé comme le symbole de la perte de l’innocence. Pour terminer, les fruits comme les coquilles d’huîtres (réputées aphrodisiaques) revêtiraient une connotation érotique. Il est vrai que la nudité a dû sembler bien impudique puisqu’elle n’a plus de prétexte allégorique ou mythologique. En bref, ce déjeuner fut une véritable provocation et une atteinte aux bonnes mœurs.

Quelles sont les innovations artistiques de cette œuvre ?
À peu près tout. Rien n’est conventionnel. Manet prend des libertés inédites avec presque tous les éléments picturaux. Le paysage est esquissé, il ressemble à un décor de théâtre. Les personnages ne sont pas vraiment intégrés. Les lois de la perspective ne sont pas respectées : la femme qui se baigne est bien trop grande pour la position qu’elle occupe dans la composition. Les couleurs sont posées en aplats et non plus en dégradés comme il était d’usage à l’époque. La profondeur de champ est absente. On voit les traces du pinceau, le peintre n’a ni modelé ni lissé. Cependant, en insérant dans le tableau de nombreuses allusions trompeuses (telle l’irréelle juxtaposition de fruits de saisons différentes), l’artiste rappelle l’illusion de la scène qu’il ne faut pas interpréter au premier degré. Manet, tout en refusant par cette allégorie le cloisonnement entre le nu académique et la peinture inspirée de la vie coutumière, fait référence aux thématiques classiques de ses grands maîtres mais les détourne et les transgresse.

6. La forte impression de Monet

Claude Monet – Impression soleil Levant - 1872
Claude Monet – Impression soleil Levant - 1872

Quelle est sa place dans l’histoire de l’art ?
Peint en 1872 par Claude Monet, cette œuvre va marquer l’histoire de l’art en « créant » le mouvement impressionniste. Ce nom, « impressionniste » vient alors des critiques d’art de l’époque, notamment dans le journal satirique Le Charivari qui se moquent de ce nouveau style annoncé par « Impression, soleil levant ». Le canard dira notamment : « Messieurs Monet et Pissaro et Mademoiselle Morisot semblent avoir déclaré la guerre à la beauté. »

Quel est le message ?
On me demande le titre pour le catalogue, ça ne pouvait vraiment pas passer pour une vue du Havre ; je répondis « Mettez Impression ». Claude Monet

Pourquoi c’est disruptif ?
Pour créer la beauté de l’atmosphère, celle de l’instant visuel, Claude Monet utilise des touches rapides qui suggèrent qu’il n’a pas le temps de peindre, qu’il croque au plus vite ce qu’il a devant les yeux. C’est d’ailleurs ce côté « sketch » qui irrite les critiques de l’époque. Pourtant, ce tableau est achevé, ce n’est pas une ébauche, il est voulu ainsi ; fugace et immédiat. D’autre part, si le sujet paraît banal à nos yeux contemporains, un port, il ne l’était pas pour l’époque où on lui préférait les thèmes sérieux ou les paysages de la nature. Ici, Monet met en avant non seulement un paysage trivial mais il est surtout prétexte à rendre la sensation ou l’impression face au lever du soleil.

Quelles sont les qualités de cette œuvre ?
En plus de l’innovation dans le choix des sujets, c’est le travail de la couleur et de la touche qui est le plus remarquable de nouveauté. Des traits de pinceau courts et duveteux donnent au tableau un aspect moelleux et flou. Nous avons l’impression de regarder la scène à travers la brume, celle qui s’élève souvent en hiver d’une étendue d’eau comme un lac ou un bras de mer. Monet a choisi une majorité de bleus et de violets pour l’environnement qu’il fait contraster aux gris et noirs des bateaux et à l’orange vif du soleil et de son reflet. Le peintre a également travaillé sur la complémentarité du bleu et de l’orange pour assurer le maximum de puissance à la couleur. La composition se caractérise par l’horizontalité du paysage représenté et le partage de l’image en tiers selon le schéma de la perspective japonaise, le tiers supérieur étant composé de touches horizontales consacrées au ciel et les deux tiers inférieurs au port baigné dans un brouillard bleuté et à la mer. Cependant, tout est esquissé pour saisir cet instant fugitif avant que la lumière aveuglante du jour ne fige le paysage. Les silhouettes des bateaux se détachent à peine du reste du tableau, baigné dans le flou de l’atmosphère du grand port. Seul le disque orange et plat du soleil levant se détache de ses tons froids. Cela place cette œuvre à la frontière de l’abstraction, si le soleil et la barque, ainsi que le titre, ne venaient pas guider le spectateur à décrypter la scène.

7.La funeste expression de Van Gogh

Vincent Van Gogh – Le Champ de blé aux corbeaux - 1890
Claude Monet – Impression soleil Levant - 1872

Pourquoi ce tableau de Van Gogh est-il plus célèbre que d’autres ?
La croyance populaire veut que ce soit dans le champ peint ici, celui d’Auvers-sur-Oise que l’artiste se soit donné la mort d’un coup de revolver le dimanche 27 juillet 1890. Il mourra 2 jours plus tard, des suites de sa blessure. De nombreux experts supposent même que Champ de blé aux Corbeaux est le tableau qu’il peignait juste avant de se suicider. Mais rien n’est moins sûr. Cependant, cette légende n’est certainement pas étrangère à sa célébrité. De plus, cette toile peut être vue comme un testament qui encapsule remarquablement tout le génie et toute la sensibilité de l’artiste.

Quel est le contexte ?
Van Gogh ne va pas bien lorsqu’il peint ce tableau, c’est certain. Ainsi que les critiques et historiens d’art voient dans les éléments comme le ciel sombre et menaçant ou les corbeaux l’esprit préoccupé du peintre. Même s’il ne s’agit pas de sa dernière œuvre, on peut néanmoins y voir des signes de ce destin funeste

Pourquoi est-ce un chef d’œuvre ?
Pourtant, dans ce format fait d’un double carré et exploité de manière panoramique, Van Gogh réalise une composition très équilibrée. Le thème est un champ de « blé jaune parvenu à maturation, ce qui s’accorde avec la présence des corbeaux. Le rythme horizontal est important, mais c’est un mouvement montant, rendu par l’ouverture des chemins qui avancent dans les blés, qui prédomine, d’autant plus qu’il accentue l’effet de frémissement et d’agitation de la future récolte. Celle-ci se multiplie sous nos yeux en un mouvement accentué par l’envol des corbeaux vers la droite, produisant un étirement en diagonale : la terre des chemins pénètre les blés, eux-mêmes pénétrés par les oiseaux se fondant à leur tour dans le ciel.
C’est probablement dans l’utilisation de la matière et de la couleur que cette œuvre montre toute sa puissance. Van Gogh s’est saisi d’un sujet absolument banal pour traduire ses sentiments à travers une touche expressive. Il utilise de la pâte épaisse qu’il travaille dans la masse, tantôt en traçant des ondulations, tantôt en lacérant la toile à coup de pinceau chargé de couleurs. Ce procédé exprime son ambivalence entre puissance et douceur. Les touches sont violentes avec du bleu foncé et du noir, contrastées avec des couleurs primaires et leur complémentaire comme le vert et le rouge-brun. Il décrit ainsi toute la violence contenue. Avec ce champ de blés mûrs et ces corbeaux annonciateurs de malheur, le peintre communique autant sa tristesse intérieure que son émerveillement devant cette nature. Et pour terminer ces trois sentiers sont des indices des chemins de vie dont il choisira le plus funeste, celui qui s’interrompt et sort du tableau, analogie à son suicide tout proche.

Y a-t-il un message dans cette œuvre ?
Au lieu de chercher à rendre exactement ce que j’ai sous les yeux, je me sers de la couleur plus arbitrairement pour m’exprimer fortement. Vincent Van Gogh à son frère Théo

L’expression, l’expression, l’expression : voilà le propos majeur des œuvres de Van Gogh. Un cri du cœur, de l’esprit, de l’âme.

8. La surréalité de Dali

Salvator Dali, La Persistance de la mémoire, 1931
Salvator Dali, La Persistance de la mémoire, 1931
Analyse de La Persistance de la mémoire, 1931, Salvador Dalí © Sympa Sympa

Pourquoi cette œuvre est connue ?
Grand peintre du mouvement surréaliste, le tableau « Persistance de la mémoire » est l’une des plus grandes œuvres de l’artiste et certainement l’une des plus intrigantes. Peint en 1931, l’huile sur toile représente la plage de Portlligat sur laquelle des montres paraissent fondre au soleil. On nomme aussi cette œuvre Les montres molles. L’histoire raconte que Dali, pris de migraine, laissa sa compagne Gala aller au cinéma sans lui. Il se retrouve seul au milieu d’une cuisine étrangement silencieuse. Son regard se pose soudain sur un camembert, seul lui aussi, au centre de son assiette. Il est mou. Il coule. L’artiste laisse alors son esprit divaguer et a recours à une technique de sa propre création : la paranoïa-critique.
Celle-ci se construit en deux étapes diamétralement opposées. Dans un premier temps, Dalí fantasme et autorise ses pensées les plus délirantes à se manifester pour, dans un second temps, les objectifier. Alors, le fromage coulant se transforme en montres à gousset dégoulinantes. Elles témoignent de la fascination de l’artiste pour la temporalité. Dalí peint ses montres par-dessus le paysage qui n’attendait plus qu’elles. La Persistance de la mémoire est née.

Quel est le message et que disent les symboles de cette œuvre ?
L’analyse qui suit est tirée du blog Artsper, les numéros se référant à l’image de la page précédente.

La Persistance de la mémoire de Salvador Dalí plonge le spectateur dans un univers onirique et définitivement étrange où surfaces dures et molles se partagent l’affiche. L’œuvre est déconcertante car elle oppose le surréalisme au réel. Elle questionne le caractère inéluctable du temps et concrétise l’obsession de l’artiste pour sa symbolique. Sommes-nous à sa merci ? Une chose est sûre, le temps passe mais laisse derrière lui des souvenirs ; la mémoire persiste. Le tableau peut être décomposé en différents éléments, numérotés dans l’image ci-dessus.

  1. Les montres molles symbolisent le temps, qui est relatif, en mouvement. Comme dans nos rêves, passé, présent et futur cohabitent et fonctionnent en synergie. Chacune posée sur une surface différente, elles représentent ces trois temporalités.
  2. La montre orange ne fond pas. Elle fait écho au temps qui passe, alors qu’elle est retournée et recouverte par des fourmis.
  3. Les fourmis envahissent la montre solide et symbolisent la décomposition, la mort. Le peintre fait ce rapprochement enfant lorsqu’il observe des fourmis grouiller sur le cadavre d’une chauve-souris.
  4. La mouche symbolise le temps qui s’envole et qui passe.
  5. Le drôle d’objet ou le personnage qui gît par terre pourrait représenter le peintre ou le monde intérieur et son onirisme.
  6. Le miroir incarne l’inconstance. Il reflète la réalité tout comme l’imaginaire.
  7. L’olivier, symbole de sagesse, est sec, mort. C’est un signe du passé.
  8. La plage est déserte et le sol semble dur. La rive représente le vide émotionnel que ressent le peintre.
  9. La mer lumineuse symbolise la mémoire et le monde réel, immuable. Elle contraste avec le premier plan sombre qui fait écho à un monde imaginaire et accablant.
  10. Les montagnes sont ancrées dans le sol comme dans le passé. Elles composent le paysage de l’enfance du peintre catalan.
  11. L’œuf est synonyme de naissance et donc de renouveau.

9. Le cri (de guerre) de Picasso

Pablo Picasso, La Guernica, 1937
Pablo Picasso, La Guernica, 1937
Vue aérienne de Guernica après les bombardements - 1937

Quel est son histoire ?
En 1937, la petite ville de Guernica est ravagée par le bombardement de l’armée allemande nazie et italienne fasciste. Il va faire des centaines de morts et de blessés, tous civils. Picasso, exilé à Paris, prend connaissance du drame dans les journaux. Troublé par les récits qu’il lit et les photographies qu’il voit, il crée Guernica comme il pousserait un énorme cri de colère face à la folie de l’humanité. On raconte même que lorsque l’ambassadeur nazi Otto Abetz a demandé à Picasso devant une photo de sa toile Guernica « C’est vous qui avez fait cela ? », l’artiste aurait répondu : « Non… vous »

Pourquoi cette œuvre est connue ?
Imaginez-vous face à une œuvre de 3.5 mètres sur presque 8 mètres qui vous donne à voir un cheval en furie, une mère désarticulée de douleur, un gisant démembré, une ampoule diffusante une lumière blafarde sur toute l’œuvre. C’est l’expression des horreurs de la guerre qui a, sans doute, fait et continue de faire la réputation et le succès de cette œuvre.

Quelle est sa place dans l’histoire de l’art ?
Bien que Picasso n’ait jamais fait officiellement partie du mouvement surréaliste, on discerne des traces de cette influence dans son tableau, notamment la représentation de figures cauchemardesques et de personnages aux corps disloqués. Guernica combine une composition cubiste avec des images surréalistes en noir et blanc pour créer une représentation bouleversante de la souffrance et de la guerre.

Quel est le message ?
Dans toutes mes œuvres d’art récentes, j’exprimer clairement mon aversion pour la caste militaire qui a plongé l’Espagne dans un océan de souffrance et de mort. Pablo Picasso

Que symbolisent les éléments de la toile ?
Tiré du site Artsper, voici quelques hypothèses de signification des éléments de l’œuvre.
L’ampoule : Cette ampoule entourée d’un halo lumineux aux éclats piquants symbolise les flammes déchirant le ciel pendant le bombardement.
Le Cheval : Il symbolise la souffrance infligée au peuple espagnol par les dictateurs et par les bombardiers allemands. Picasso inclut même une tête de mort subliminale formée par les naseaux et les dents du cheval.
Le Taureau : Le taureau aux yeux d’hommes évoque le combat entre l’humain et le bestial. Sans doute faut-il voir dans cet animal l’incarnation de l’Espagne nationaliste ou des régimes totalitaires.
La Colombe : Elle est à peine visible, comme si elle avait été gommée de l’œuvre. Cet effacement est symbolique : à Guernica, pendant les bombardements, la paix a disparu face à la guerre.
Les Femmes : La tête renversée, les yeux révulsés, une femme tient son bébé mort, interrogeant le ciel d’un geste impuissant de la main. Une autre femme est présente à droite du tableau, les bras levés et les lèvres figées dans un cri. Elle est dévorée par des flammes, symbolisées par une crête de triangles : une allusion aux bombes incendiaires.
L’Homme à l’épée : Il est le seul homme de la toile, et gît dans l’œuvre, démembré. Près de sa tête, il tient son épée brisée, qui symbolise peut-être la résistance héroïque mais impuissante face à l’horreur. Une fleur fantomatique pousse près de la main du guerrier, symbole d’espoir dans ce tableau, au même titre que la bougie.

10.La vache à lait de Hirst

Damien Hirst – False Idol – 2008
Damien Hirst, False Idol, 2008

C’est quoi exactement ?
Il s’agit d’un veau plongé dans un aquarium rempli de formol. Les sabots de l’animal et certaines parties du conteneur sont plaqués or tandis que le socle a été réalisé en marbre de Carrare. Cette œuvre a été exposée dans la Cathédrale de Chester en Angleterre en 2017. Il est à noter que ce genre d’œuvres vieillit très mal, les animaux finissant par pourrir.

Pourquoi ça choque le public ?
En général, l’art contemporain choque le public puisqu’il est en rupture avec ce qu’on peut attendre des œuvres quelles qu’elles soient.  Longtemps, l’art eut pour objectif de représenter la réalité ou de transporter le spectateur dans une histoire. Mais, avec l’art contemporain, il s’agit plus souvent de questionner, de critiquer ou de commenter le réel, de dénoncer une situation dans nos sociétés occidentales. Créer des œuvres choquantes ou drôles permet aussi que l’on parle des œuvres et surtout de l’artiste. L’art de Hirst ne fait pas exception. De plus, le public s’insurge régulièrement du prix (exorbitant) des œuvres du peintre britannique. Et si vous voulez en savoir plus, découvrez comment décrypter l’art contemporain

Quel est le propos de l’artiste ?
Fasciné par le thème de la mort, l’artiste dit vouloir offrir une expérience viscérale. Le veau est tout à la fois la vie et la mort qu’il incarne d’une façon incompréhensible jusqu’à ce que la vérité éclate, suspendue, silencieuse, dans sa vitrine.
Le fait d’exposer cette œuvre dans une cathédrale semble suggérer :« nous sommes plus que Dieu et nous adorons les idoles qui pondent de l’argent. » On y décèle une attitude cynique de la part des artistes vis-à-vis du marché de l’art qui les adule et les enrichit parfois prodigieusement, une manière de dénoncer la spéculation. Cette attitude cynique n’en ébranle pas moins le public.

Quelle est la place de Hirst dans l’histoire de l’art ?
Plusieurs artistes tirent, depuis plusieurs décennies, à boulet rouge sur le marché de l’art et sur l’argent. Ils expriment leur dégoût du capitalisme à tout crin qui, selon eux, gangrène le commerce de l’art. On achète une œuvre comme un bien immobilier, comme placement et comme investissement, démarche dans laquelle la notion de goût pour l’objet semble souvent absente.

À vous de faire l’histoire… de l’art !

Lorsque vous serez face à un tableau connu, voire célèbre, observez-le et recherchez des informations vous permettant de répondre à ces différentes questions :

  • Qu’est-ce que je vois exactement ?
  • Quel est le contexte de l’œuvre ?
  • Quelle est la place de l’artiste dans l’histoire de l’art ?
  • Quel est le message du tableau ?
  • Pour quelles raisons cette œuvre est reconnue ou célèbre ?
  • Pour quelles raisons est-ce un chef-d’œuvre, quelles sont les qualités artistiques de cette œuvre ?

Partager l’article

Table des matières

Découvrir les autres articles

2

Questionnez votre tableau

2

Questionnez votre tableau

2

Questionnez votre tableau